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Sound'n'Vision : la musique mise en images

Publié le

 Nous vous convions aujourd'hui à un petit tour d'horizon de morceaux de musique mis en images afin de mettre en lumière les relations entre le son et la vision (titre d'une chanson de David Bowie, que l'on retrouvera quelques paragraphes plus bas). 

Commençons sans plus attendre par... 
 

  THE BEATLES

« I am the walrus » (Magical Mystery Tour) 1967 

Premier groupe à avoir révolutionné le monde de la musique à un niveau international, ils ont constitué un phénomène artistique, culturel et social. L’Angleterre y a au passage trouvé une manne financière  et en a profité pour agrandir son prestige. Ils furent dûment décorés en remerciement de leurs bons et loyaux services. Objets d’un véritable phénomène de masse (la fameuse ‘Beatlemania’), toute une partie de la jeunesse se retrouvait en eux. Leur influence reste encore présente à ce jour chez de nombreux artistes actuels.

Leur courte carrière discographique, courant sur 7 années, les vit passer par de nombreuses métamorphoses. Ils n’ont cessé d’innover et de populariser de nouvelles techniques et idées. On leur doit ainsi les premiers clips.

L'explication est prosaïque : la demande était telle (pour passer dans des émissions de télévisions américaines par exemple) qu’ils finirent par inventer une parade : « puisqu’on ne peut pas être partout en même temps, pourquoi ne pas envoyer un petit film sympa où on nous verra faire les mariols et entendra notre dernière chanson ? ». Le clip musical était né !

Celui qui vous est proposé n’est pas le premier réalisé. Il fait partie d’un long métrage que la BBC projeta pour les fêtes de Noël, le Magical Mystery Tour. Ce fut d’ailleurs la première fois que le groupe essuya des critiques négatives.

Le scénario est très simple et prend comme point de départ une tradition populaire. Les gens pouvaient acheter un billet pour un voyage en car, destination inconnue. Généralement, on allait voir la mer, on s’arrêtait dans un restaurant et on rentrait en chantant des chansons après avoir bien bu. Sauf que dans cette version, ça dégénère assez rapidement (l'influence psychédélique de l'époque se fait sentir).

Notez l’usage des trucages : les transformations des musiciens en animaux (« Je suis le morse », c'est le titre de la chanson), l’écran divisé, les images solarisées (négatif coloré), les incrustations en médaillon où l’on voit des personnages du film. Trop novateur pour le grand public de l'époque ?

DAVID BOWIE
« Life on mars » 
(Best of Bowie, dvd 1 – plage 9) 1973

Y a-t-il de la vie sur Mars ? C’est la question que pose la chanson.

Par contraste avec les Beatles, on se trouve là dans une toute autre esthétique : les éléments visuels étaient précédemment assez foisonnants avec un montage serré, ici on est dans le minimalisme au niveau du sujet et de son traitement (les couleurs notamment).

Jusqu’alors, beau ou laid, on se contentait de passer à la télé pour chanter sa chanson en play-back. Les premiers rockeurs (Elvis Presley, Eddie Cochran) avaient bien sûr fait sensation avec un style tout nouveau qui dynamitait les conventions. Les Beatles se déguisaient pour rigoler mais cela restait bon enfant.

Bowie va plus loin en franchissant une étape supplémentaire. Tout est fait pour présenter un ‘personnage’.  Le chanteur devient une espèce d’alien. D’ailleurs son disque suivant racontera l’histoire d’un artiste venu d’une autre planète, Ziggy Stardust (poussière d’étoiles). Le rock commence à construire consciemment sa légende et ses idoles. Bowie jouera au théâtre et au cinéma où il reprendra encore une fois le rôle d’un extra-terrestre dans ‘The man who fell to earth’. Rappelons qu'il avait également suivi des cours de mime durant ses années de formation (voir la toute fin du clip).

Pendant toute la première partie de sa carrière, Bowie changera souvent de personnage, se réinventant à travers un nouveau look, un nouveau surnom (Aladin Sane, the Thin White Duke), n’hésitant pas à carrément changer de style musical (soul, new wave), véritable caméléon aux antennes sensibles,  capable de sentir venir le vent des nouvelles tendances.

Personnage très ambitieux, ayant toujours voulu réussir et marquer les esprits, on voit dans ce clip son goût pour la provocation et la prise de risque. Imaginez l’impact qu’a pu déclencher la vision de ce titre à la télévision anglaise en 1973. C’était du jamais vu ! On adorait ou on détestait. Ses ventes de disques  augmentèrent considérablement et il se transforma en cette star du rock qu'il appelait de ses vœux, influençant durablement bon nombre de ses pairs. Marilyn Manson, Lady Gaga - entre autres - sont ses dignes héritiers.

 


 

THE RESIDENTS
« The commercial DVD »

Amber
 

 

Love leaks out

Faisons un bond en avant de 27 ans pour arriver jusqu’aux Residents, groupe mythique et anonyme de San Francisco dont l’identité n’est toujours pas révélée après plus de 50 ans d’activité.

Ces artistes ne sont jamais à cours  d’idées originales. Ainsi en 1980 ils réalisèrent leur Commercial Album, un 33 tours comportant 20 morceaux d’une minute par face.

A l’époque, ils tournèrent 4 petits clips pour accompagner quelques titres du disque, ils font partie aujourd'hui de la collection permanente du Museum of Modern Art de New York.

20 ans plus tard, s'attaquant au marché du DVD, ils lancèrent un projet participatif et demandèrent à ceux qui le voulaient de leur envoyer des petits films pour l’intégralité de ce répertoire.

Pâte à modeler, dessin animé, spectacle de marionnettes, noir et blanc, ils reçurent toutes sortes de propositions.

Ici, des images plus modernes qui peuvent rappeler l’univers des jeux vidéos, réalisées à l’aide de l’ordinateur. Le deuxième clip utilise la technique du morphing, ceux qui ne connaissent pas vont vite comprendre le principe (un visage passe par de multiples étapes de transformations progressives).

CHASSOL
« Big sun »

Christophe Chassol est un musicien français qui a développé une nouvelle façon de marier les sons et les images, aidé en cela par l’apport indispensable de l’ordinateur.

Son mode de travail est le suivant : il se déplace à l’étranger, Inde, Nouvelle-Orléans ou ici Martinique et y filme les gens qu’il rencontre, souvent des musiciens. Plus rarement, un ornithologue, comme on peut le voir dans le premier extrait.

Rentré chez lui, il choisit ses séquences préférées et les monte en boucles qui se répètent. On voit donc la personne refaire les mêmes gestes et prononcer les mêmes paroles ou jouer le même bout de mélodie.

Il harmonise ensuite ce qu’on entend dans le film, c'est-à-dire qu’il va suivre au piano les paroles de la personne et les doubler au clavier, au dixième de seconde près. Il est même capable de le faire avec des chants d’oiseaux. On peut aussi voire et entendre un discours d’Obama ‘réharmonisé’ sur Youtube. Mais il ne s’arrête pas là. Il ajoute d’autres instruments autour, de la basse, de la batterie, jusqu’à construire un morceau complet, sur lequel on pourrait parfois danser.